MAY l593.                                 397
de Saiut-Eustace ; le curé de Saint-Supplice de mesme; celui de Saint-Germain de l'Auxerrois, Saint-Jacques, Saint-Cosme, la Magdeleine, Saint-Benoist, et toute la kyrielle, enfilèrent une suitte de toutes sortes d'injures des plus exquises du mestier contre le Bearnois, tendans . à fin de non recevoir, quelque catholique qu'il fust.
Ce jour, le duc de Maienne courant la bague aux Tuileries, tumba de dessus son cheval si lourdement, qu'on fist incontinent du bruit comme s'il eust esté mort ; mais estant relevé, dit tout haut ces mots : « Ce n'est « rien; je ne suis pas encore mort, Dieu merci!» afin que personne ne s'en resjouisse davantage, ni ne s'en fasche. Voulant dire qu'il scavoit qué de sa mort beau­coup en seroient bien aises, et d'autres faschés.
Le mardi 25, le duc de Mayenne fist fermer les portes à Paris, à cause de la querelle de Villars et du chevalier Breton.
Ce jour, un bon nombre d'ecclésiastiques, unis avec les Seize, allerent trouver le duc de Maienne pour em­pescher la paix qu'il estoit bruit qu'on vouloit faire. Contre lesquels les politiques s'estans assemblés le len­demain , allerent jusques au nombre de quarante prier le duc de Maienne pour la paix; et estoit le commis­saire Normand qui portoit la parole. Us en revinrent aussi sages les uns que les autres, l'intention dudit duc estant cachée aux plus habiles.
Ce jour* le duc d'Aumale dit à Paris, à un gentil­homme qui estoit au Roy et parloit librement en pre­sence du duc de Maienne, qu'il y avoit une bastille à Paris pour ceux qui ne parloient comme il falloit. Au­quel le gentilhomme respondit qu'il ne la craingnoit point, et qu'il avoit bon maistre; et qu'il estoit à un
Digitized by Google